Traumatisme


Victime d’un traumatisme

Un événement traumatique est toujours en lien avec la mort, l’intégrité physique et/ou mentale. Nous pouvons en avoir été le sujet, le témoin, l’acteur ou être dans une proximité émotionnelle avec la victime. Dans tous les cas, c’est parce que nous sommes confrontés à l’impensable que l’effroi impose des images qui restent gravées en nous. Notre monde de représentation habituel est brisé par une réalité brute que nous ne soupçonnions pas.

 

La soumission au trauma

Après un traumatisme psychique, nos repères, nos représentations, nos désirs, la relation à soi peuvent être considérablement bouleversés. Dans les cas les plus graves, un trouble psycho-traumatique va s’installer de façon chronique, et le trauma va nous envahir jusqu’à parfois faire cohabiter en nous plusieurs personnalités. Au départ, lors du/des acte(s) traumatiques, notre cerveau va court-circuiter les circuits émotionnels afin d’entraîner une anesthésie. Mais lorsque cette aptitude défensive perdure au-delà du danger, de façon rigide et perturbante, cela crée une dissociation traumatique dans laquelle notre personnalité va se disperser en plusieurs parties afin de séparer les perceptions, les émotions, la mémoire et l’identité. Parfois l’expérience traumatique ne sera plus perceptible à la conscience (amnésie traumatique) ou sera consciente mais perturbée au niveau qualitatif (par exemple, la minimisation ) et au niveau de la relation à soi (par exemple, la dépersonnalisation.)

 

  

Fusion avec le trauma

Cette dissociation sera accompagnée d’une mémoire traumatique dans laquelle nous confondrons ce qui vient de nous et ce qui était au bourreau. Nous devrons faire cohabiter la honte, la culpabilité, les émotions négatives, les douleurs, la position de victime avec ce que nous aurons absorbé de notre agresseur, car la dissociation lors du passage à l’acte aura tellement « bien fait son travail », que les choses seront devenues si floues que notre cerveau ne sait plus qui était qui dans l’événement. Et voilà qu’en plus des sensations terribles que le trauma a fait germer en nous, nous aurons aussi des fantasmes sadiques et/ou masochistes, comme pour reprendre le contrôle sur ce qui nous a été volé, nous pourrons devenir nous-même un bourreau. D’ailleurs, cette auto agressivité qui nous donnera la sensation d’être en vie, nous la subirons aussi à travers l’image détruite que nous aurons de nous-même et qui nous amènera à nous faire du mal pour nous punir. D’où l’on se place, nous perdons donc à tous les coups

 

 

Répétition du traumatisme

Enfermé dans le trauma, nous nous rapprocherons souvent de personnes toxiques pour nous, mais qui nous permettrons de revivre l’intensité du drame. Car nous comprendrons très vite comment nous anesthésier grâce à des pratiques dissociantes, mais la drogue que nous procure notre cerveau lors de ses disjonctions ne nous suffira plus, et nous irons en chercher des plus fortes, stupéfiants ou des compulsions (sexuelles ou auto-agressives, par exemple) de plus en plus violentes. Et nous revoilà victime, et nous revoilà bourreau, etc... 


 

S’en sortir !

Il faut à tout prix sortir de cette emprise, c’est pour cette raison qu’une prise en charge médicale et psychologique doivent être faites le plus tôt possible. Deux types de psychothérapies sont à mettre en place : l'une privilégiant la parole, pour se reconstruire progressivement (thérapies humanistes, relation d’aide, gesalt thérapie, psychanalyse moderne,…), et l’autre permettant de faire disjoncter les mécanismes du trauma (TCC, EMDR, hypnose médicale,…) Il n’est pas rare de faire plusieurs thérapies à la fois (privilégier les thérapeutes qui pratiquent l’alliance thérapeutique), mais il faut bien s’assurer que les thérapeutes connaissent bien les troubles psychotraumatiques pour éviter de se contenter de faire sans cesse le récit du trauma, comme si c’est cela qui allait permettre d’en sortir… En fin de compte, s’en sortir est largement possible et cela se fait au prix de beaucoup de courage et d’honnêteté vis-à-vis de soi, mais les victimes n’en manquent pas !

 

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