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PSYCHOPRATICIEN = CHARLATAN ?

Voici les affirmations qui sont débattues ici

  • Les psychopraticiens sont des charlatans !
  • Les psychopraticiens n'ont pas de formation sérieuse !
  • Il est illégal de pratiquer sans diplôme reconnu !
  • Les psychopraticiens peuvent passer à côté d'une pathologie et créer encore plus de problèmes !
  • Les méthodes des psychopraticiens sont pseudo-scientifique !
  • N’importe qui peut mettre une plaque de « Psychopraticien » ou de « Psychanalyste » et exercer !

Bonus non subsidiaire :

  • Comment savoir vers qui s'orienter ?

Bonne lecture !

 

Les psychopraticiens sont des charlatans

L’usage de certains titres étant libre, ceux-ci ne garantissent aucune formation sérieuse de la part du praticien qui le porte ( les titres de « psychopraticiens » et  de « psychanalyste. ») Du coup, on peut aisément imaginer que des personnes peu scrupuleuses ou irresponsables exercent dans ces catégories là ; de la simple incompétence, aux dérives sectaires.

Mais bien évidemment, on ne peut pas être aussi réducteurs, même si nous aimerions pouvoir étiqueter chaque chose à coup de stéréotypes pour tout simplifier… Soyons donc plus nuancés :

 

Les "psychopraticiens" n’ont pas fait de formation sérieuse !

Il existe des formations de quelques week-end, voir quelques heures ! Mais il existe aussi des formations assez longues et complètes, parfois dans un cadre universitaire. Mais ces dernières ne sont pas reconnues par les Agences Régionales de Santé puisque celles-ci s’occupent uniquement des psychologues.

 

Rajoutons que travailler hors d’un cadre conventionné est un choix, et non une impossibilité de faire autre chose, penser l'inverse est un sophisme du 'faux dilemme" *. Cela n’a rien à voir avec des études ratées ou au rabais… Être « psycho-praticien », c’est s’orienter directement vers la psychothérapie pour se former à l’aide et au soin psychique, s’interroger sur soi et poser un regard bienveillant sur l’autre. Se former pour être psychologue c’est être curieux de la personnalité, acquérir des connaissances fines sur la science de la psyché et apprendre à étudier l’individu. Pourquoi donc opposer les disciplines tant elles sont différentes ?

 

Il est illégal de pratiquer sans diplômes reconnus ?

Non ! Par contre, ce qui est illégal, c’est de prétendre à la guérison miraculeuse et de faire croire à des formations que l’on a pas. Pour ces raisons, il est préférable de se renseigner sur les compétences de votre thérapeute. D’ailleurs, un certaines formations en psychothérapie qu’ont effectuées les « psycho-praticiens » sont les mêmes que les « psychiatres » et les « psychologues », la seule différence est que pour ces premiers, il s’agit d’une formation initiale, là où les autres praticiens ont déjà terminé leur cursus universitaire. 

 

Les "psychopraticien" peuvent passer à côté d'une pathologie et créer encore plus de problèmes

Si ça la formation en psychopathologie n'est pas toujours suffisante, encore une fois, il faut être plus nuancé. D'ailleurs, n'oublions pas que nombres de facultés de psychologie et de DES en psychiatrie se basent encore sur des concepts en psychopathologie qui ne sont pas validés par la science (la psychanalyse) ; à part pour les psychiatres qui sont médecins, on peut donc se demander en quoi les psychologues d'orientation analytique feraient mieux : ça n'est pas parce que qu'on appris une théorie fausse pendant plusieurs années qu'elle devient vraie à la fin... 

 

Mais nous voilà sur un argument en forme de "fausse piste" ** la question ne se joue pas tant ici. En effet, cette affirmation suggèrerait que toute personne qui va consulter un "psy" peut être un "fou" qui s'ignore, comme si nombreux patients consultaient pas pour autre chose que des problèmes psychopathologiques. Aussi, cette affirmation suggère une idée qui pourrait paraître raisonnablement : l'incompétence. Or, qu'un "psychopraticien" ne soit pas en mesure d'identifier une maladie mentale n'est pas un problème puisque ça n'est pas son travail... Ainsi, comme toute personne sachant douter de sa pratique et ayant de l'éthique, lorsque quelque chose bloque, chaque thérapeute a appris ses limites et renvoie son patient chez son médecin traitant. Imaginer l'inverse c'est faire deux sophismes à la fois : penser qu'il est forcément mal formé est une "généralisation abusive" *** et penser qu'il va inévitablement faire n'importe quoi est un "raisonnement panglossien" ****.  

 

Les méthodes des psychopraticiens sont pseudo-scientifique !

Cela peut effectivement arriver, mais les dérives dans le charlatanesques peuvent arriver chez tous les "psys". Comme nous l’avons vu plus haut, les risques sont plus grands lorsque le titre n’est pas protégé, mais cela n’indique pas que l’on puisse « mettre tout le monde dans le même panier. »

 

En outre, les pseudo-sciences sont un vrai fléau actuellement car elles contribuent à la propagation de discours d’opposition à la science conventionnelle, voir carrément défendre des idées conspirationnistes. Néanmoins, il ne faut pas confondre science, non-science et pseudo-science.

 

Quoi qu’il en soit si votre "psy"  vous demande d’invoquer des esprits ou analyse vos vies antérieurs, donne du sens à tous ce qui vous arrive au nom de la « synchronicité » ou des « liens cosmiques », c’est qu’il ne fait pas son travail ou qu’il n’a pas la formation requise... Néanmoins, lui comme vous, avez la liberté de croire à ces concepts là (ou d’autres.) Mais cela n’a rien à faire dans le cadre d’une psychothérapie ; confondre l’âme et la psyché est une erreur qui peut aggraver certains problèmes.

 

N’importe qui peut mettre une plaque de « Psycho-praticien » ou de « Psychanalyste » et exercer ?

Oui… et c’est effectivement dangereux ! Pour endiguer ce problème, il aurait fallu que les lois passées pour encadrer les métiers de la psychothérapie soient plus adaptées à la réalité du terrain, plutôt que transformer la situation en clans (Diplômé d’état d’un côté, et formations privées de l’autre) ! Alors, tous les titres seraient garantis et les personnes sérieusement formées dans le privé ne seraient plus associées aux « thérapeutes » déviants ou simplement incompétents !

 

D'ailleurs ce dernier argument est un sophisme de la "pente savonneuse" *****, car au fond, vous oseriez, vous, louer une cabinet, mettre une plaque et recevoir des personnes en souffrance? Pensez-vous que cela arrive souvent ? (oui, nous faisons de faire un sophisme assumé d' "appel au ridicule") D'ailleurs, sans vouloir être pessimiste, quoi que l'on fasse, il existera toujours des gens suffisamment malsains pour manipuler des personnes fragiles, et cela quelque soit le titre qu'ils auront, auto-proclamés ou non... 

 

Comment savoir vers qui s’orienter ?

Quoi qu’il en soit et qui que ce soit, le besoin du patient doit être en lien avec la méthode proposée, et il est indispensable que votre "psy" connaisse ses limites. Voici quelques points de repères, mais évidement, ils restent très raccourcis :

  • Souffrance psychique très importante et invalidante : consultez votre médecin et/ou un psychiatre. Une psychothérapie pourra être associée pour vous aider à surmonter l’épreuve.
  • Besoin de faire un bilan de personnalité ou d’un conseil pour comprendre une situation : consultez un psychologue.
  • Période de vie difficile, manque d’estime de soi ou besoin de faire le point sur sa vie : Psychothérapeute, psychanalyste ou psycho-praticien pourront vous aider à travailler ces problématiques.  
  • Démarche spirituelle : ça n'est pas notre domaine, mais ce que nous savons, c'est qu'il est préférable de choisir un pratiquant qui ne sera pas "contre le système" ou qui vous vendra des méthodes miracles, qui auraient fait leurs preuves dans le passé. La spiritualité n'a pas vocation a guérir, elle est un chemin de vie.

* Faux dilemme : Réduire abusivement un problème à deux choix pour conduire à une conclusion forcée : si pas A, alors B !

** Fausse piste ou technique du chiffon rouge : Déplacer le débat vers une position intenable par l’interlocuteur : si A alors B en pire ou A est comme B de toutes façons

*** Généralisation abusive : Prendre un échantillon trop petit et en tirer une conclusion générale : puisque A, alors B

**** Raisonnement panglossien : raisonner à rebours, vers la conclusion qu’on veut avoir : A parce que B

***** La pente savonneuse : faire croire que si on adopte la position de l’interlocuteur, les pires conséquences vont arriver, A va apporter un B cataclysmique

 

Pour en savoir plus sur ces sophismes, allez sur la page "Quand ce qu'on nous dit est moisi"