Les "psys" sont-ils des dieux ?


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Psycho-truc, Psycho-machin et Psycho-chose : on n’y comprend rien !

Les métiers de la psychothérapie forment une jolie cacophonie pour qui n’aurait pas les codes ; entre les titres, les fonctions et formations, il est difficile de distinguer qui fait quoi, et qui a quoi. Cependant - ne soyons pas hypocrites - si ce petit univers est aussi inaudible, c'est en grande partie à causes des problèmes d’entente entre les "psys" eux-mêmes. Voici donc quelques explications (qui ont aussi pour vocation d’opérer une désidéalisation de « l’individu-psy. »)

 

Ainsi, il peut parfois arriver que certains se positionnent en véritables crieurs public pour imposer la légitimé de leur camp dans le but d'effacer la place des autres. Cela a eu des conséquences néfastes puisqu’à force de hurler au loup, en 2010, la législation qui visait à écarter les pratiques douteuses et les auto-proclamations, a fini par jouer la carte du manichéisme et - comme au pays de Candie - il a eu les méchants et les gentils. Voyons donc où les choses en sont aujourd’hui…

 

 

Dans la Maison « Psy », on range avec les plumeaux, et on ballait avec les meubles

En conséquence, à force de vouloir mettre de l’ordre avec la politique de la balayette, on confond ranger et nettoyer et on a mis la poussière sous le tapis plutôt que ranger le mobilier. De ce fait, il arrive parfois qu’une inversion de valeurs se mette en place : certains thérapeutes qui possèdent un titre d’état peuvent se référer à des théories et des techniques charlatanesques, là où certains thérapeutes pratiquant hors d’un cadre conventionné peuvent se baser sur des connaissances sérieuses. 

 

Tout parait pourtant bien installé de loin, ceux que l’on reconnait on le droit au salon, et ceux qui ne sont pas reconnus, sont discrètement installés dans la cave. Et voilà qu’arrive un joli raisonnement panglossien : s’ils sont à la cave, c’est qu’ils doivent y faire des trucs bizarres… nous revoilà alors au temps des chasses au sorcières, on traque à coup de présupposés et c’est l’occasion de ne pas regarder plus au fond ce qui se passe aussi dans le salon. Toutefois – et c’est très important – la filature est justifiée tant le terme « psy » est suffisamment « fourre-tout » pour qu’un certain nombre de « dérapeutes » continuent d’exercer sans être inquiétés. Mais toutes les sorcières misent à la cave méritent-elles le même traitement ? Fût une époque où certaines prodiguaient des soins face à une église qui imaginait que la maladie se soignerait à coup d’imploration.

 


 

Arrêtons ici la métaphore sur les sorcières-guérisseuses, elle pourrait sous-entendre que des remèdes miracles pour la psyché existent et qu’ils sont pratiqué par ceux que l’on met de côté. Le vrai problème est le suivant : agiter dans l’air la technique du chiffon rouge ne change rien puisqu’il ne s’agit pas d’une question de titre mais de formation : les bonimenteurs exercent toujours (et souvent très honnêtement) et ils sont aussi bien formés dans des universités que dans le privé !  

 

Et voilà maintenant le résultat : la loi n’a rien changé, elle a même encouragé l’occultisme règlementé et la Maison « psy » reste construite sur un marécage ; les brèches ayant été construites avec les murs, on les colmates avec du vent, du bruit et surtout beaucoup d'entre soi. 

Conclusion : aveuglé par la poussière, on a assaini en jetant tout, refusant de vraiment faire le tri, et les professionnels eux-mêmes finissent par être guidés par leurs propres représentations ou les bruits qui courent : Politique de l’autruche ? Fainéantise de l’esprit ?


 

Ecce omo-psycho

Chaque groupement humain se construit autour de préjugés, à la fois pour renforcer sa tribu, mais aussi par économie psychique car il est plus simple de trouver des explications générales plutôt que chercher à diversifier les points de vues : c’est ce qu’on appelle en psychologie sociale des corrélations illusoires ; c’est-à-dire que nous allons spontanément associer deux choses qui n’ont rien à voir l’une avec l’autre pour en tirer une conclusion.

 

Premier exemple, une personne porte un pull rose avec les pois rouges le soir du match de son équipe favorite. L’équipe gagne ce soir là ; elle peut finir pas penser que son pull porte bonheur.

 

Deuxième exemple, vous avez mal au ventre le jour où vous prenez conscience que vous n’aimez pas les pulls roses à pois rouges, du coup vous risquez de penser que votre corps vous a envoyé un signe.  

 

 

 

Voilà maintenant plusieurs exemples de corrélations illusoires concernant les « psys » :

 

Les psychopraticiens :

 

 

Pas de titre officiel

 

+

 

Existence de formations parfois très contestables

 

=

 

Ce sont tous les charlatans

 

 

 

Les psychologues :

 

 

Très peu d’heures de psychothérapie dans leur formation

 

+

 

Il n’est pas obligatoire d’avoir fait soi-même une psychothérapie

 

=

 

Ils sont incompétents en psychothérapie

 

 

 

Les psychanalystes :

 

 

Il s’agit d’une théorie très contestée par le domaine de la psychologie scientifique

 

+

 

Les sociétés psychanalytiques sont très obtus sur le respect des concepts

 

=

 

Ils sont tous dogmatiques

 

 

 

Les psychiatres :

 

 

Plus d’années de médecine que de psychiatrie

 

+

 

Relation thérapeutique de type médecin/patient, c’est-à-dire qui ne va pas forcément dans une compréhension psychologique fine

 

=

 

Ils ne s’intéressent pas aux patients

 

 

Le grand public peut parfois avoir ce type de raisonnement concernant les psychiatres  :

 

 

Ils ont fait 10 ans d’études

 

+

 

Ils sont remboursés

 

=

 

Il vaut mieux voir un psychiatre

 

 

 

Au fond, on pourrait imaginer qu'un thérapeute se sentant bien dans sa pratique et qui est à l'aise avec son titre, n’a pas vraiment de bénéfices à entrer dans ces guerres intestines. Cette idée nous amène à une question curieuse : et si toutes ces tensions en disaient plus sur les "individus-psys"  que sur leur métier ? Heureusement, bien des relations entre "psys" de différents horizons se passent sans heurts, mais naturellement, dans toute tension, on entend les plus bruyants ;  ceux qui - comme nous l'avons décrit plus haut - cherchent à effacer les contrastes et à discréditer l'autre en construisant des antagonismes pour préserver leurs propres intérêts.

 

 

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